
Il y a des batailles qu’il faudrait avoir perdu mille fois pour l’honneur de les revivre, tant la cause fut juste.
Apparu telle une évidence pour exaucer les prières d’un érudit diakanke nommé Malone Souare qui aurait dit :
« Si Dieu me donnait le génie de #Kharé_Man l’énergie de Habib Savané, la niaque de Bynta Bah l’esprit critique de Mdc Elhadj, le tact de Gaber Schatzi le sens de la repartie de Elhadj Kandjoura Camara, l’objectivité de Rafiou Bah, la passion de Souadou Madjou Barry,la loyauté de Elijah Moh, la détermination de Erickorka Bah. la magie de Diallo Aziz, l’audace de Président Badra KONE, le sixième sens de #Sonny_Camara, le dynamisme de Touré Touré Morlaye Issa, l’expérience de Bella Barry modération de Aboubacar Drame, l’explosivité de Alpha Diallo, la poésie de #Babatiti et tant d’autres talents ayant choisi l’anonymat, je deviendrais le leader qui mènerait la Guinée à la victoire contre le 3ème mandat » !
Ne pouvant réunir tous ces tempéraments en une seule personne, #Malone eut le flair d’un vrai visionnaire en composant un cocktail curieux qui vint inonder les réseaux sociaux pour de contrer le désert du troisième mandat qu’il avait senti venir. Le flair du marabout djakanke !
La légende voudrait que c’est #Babatiti qui formula le premier le hashtag #Amoulanfe. Pour dire tout simplement, en langue soussou : NON, ÇA NE PASSERA PAS ou Encore HORS DE QUESTION.
Mais en réalité, c’est à #Kharé_Man que revient la paternité de ce qu’il convient de traduire politiquement comme étant le cri de ralliement d’un bataillon virtuel de Guinéens, jeunes pour la plupart, acquis aux idéaux d’une République juste et équitable face à une « vérité politique » assez mature trop forte pour être tuée dans l’œuf.
Il y a deux ans naissait sur facebook le mouvement dénommé #Amoulanfe – #Ateben (en malinké) #Gassata (en poular) #Elazologa (en toma) –
Sur une initiative digne de l’appel du #18_juin (du Général De Gaulle) pour rallier les filles et fils du pays ayant le profil de privilégier la condition guinéenne dans la sphère publique à toutes autres considérations subjectives.
Nous avions donc répondu à l’appel de #Malone_Souaré.
Sacré casting iconoclaste pour faire face aux pires travers de notre société avec honneur et dignité et pour défier, si besoin en était, nos amis, nos frères, nos parents qui, sournoisement ou délibérément, avaient opté pour le déluge qui allait emporter tout le pays dans des flots dévastateurs pour six longues années.
Alors comme le Bataillon Sacré de Thèbes, nous étions dédiés à la cause.
Nous étions #Amoulanfe, nous sommes encore #Amoulanfe pour certains, infusés des valeurs d’intégrité, de justice sociale et de solidarité que nous avions durablement intégrées dans nos esprits et imposées autour de nous.
Ainsi, face aux pro nouvelle constitution, dans un premier, ensuite à la fièvre jaune du troisième mandat, nous avons tenu sans armes ni injures, sans verser non plus dans le piège de l’entreprenariat ethnique et la frustration tribale, ce malgré les drames qui se sont déroulés sous nos yeux.
Nous avons porté la contradiction aux partisans du chaos national, parfois au péril de notre sécurité et des nôtres, avions pris le risque l’exil politique ou le bannissement du territoire national.
Nous avons dû brandir des cadavres de jeunes gens sur les réseaux sociaux pour interpeller l’opinion pour qu’elle regarde en pitié les affres insoutenables qui s’abattaient sur notre peuple.
Nous n’avons pas appelé à la guerre civile ni aux affrontements politiques, mais avions largement espéré le triomphe d’un État de droit que le pouvoir impitoyable réussirait à abattre, coup par coup, sous nos yeux au prix de désolations, d’humiliations et de mises au banc sans cesse renouvelées.
#Amoulanfe c’était aussi un groupe Facebook qui affichait gracieusement une croissance d’environ mille membres par jour pour atteindre 20 mille après seulement deux semaines de lancement.
Nous avions ouvert le débat pour un autre son de cloche grâce à la magie des réseaux sociaux et aux sacrifices de gens ordinaires que nous étions. Et oui, #Amoulanfe c’était sans ambition politicienne et nous ne roulions que pour la Guinée.
Sans le sou ni l’onction du pouvoir, nous avions damé le pion aux communicants du pouvoir monétairement engraissés mais aux accents tellement redondants.
Ainsi sur les forums DSP, JAC et Amoulanfé, nous avons réussi à faire vivre la liberté d’expression dans sa formule la plus aboutie, ce même si nous sentions la marée de l’impensable gagner du terrain pour instaurer l’obscurantisme politique.
En véritable bras volontaires du #FNDC sur les réseaux sociaux, nous avons participé au service citoyen sans jamais être pris au piège d’un pouvoir qui intimide par sa justice.
Nous nous étions néanmoins réjouis de la libération de #Badra_Kone dont l’incarcération avait porté un coup au mouvement.
Les directs Facebook live de #Souadou_Madjou, #Bynta_Bah et d’#Erickorka, les infos de dernière minute de #Aziz_Diallo, les dérisions du pouvoir par le maître de la caricature, le robot #Kharé_Man, le compteur de fin de deuxième mandat du majestueux #Habib_Savané, le dévouement de nos militants, #Morlaye_Issa, #Dih_Singué, #Bella_Barry, dans les manifs du FNDC, sans oublier nos analystes et pourfendeurs de dictatures #Elhadj_Kandjoura, #Aboubacar_Dramé, #Rafiou_Bah et tant d’autres qui ne pourraient être cités ici.
Amoulanfé ce n’était pas un long fleuve tranquille, les points de vue n’y ont pas toujours été conciliables, les disputes y ont parfois été très vives et intenses mais jamais la substance de la lutte n’a été entamée.
Certains éminents membres se sont retirés du mouvement, ils sont néanmoins restés dans l’esprit #Amoulanfe, soit un faisceau de valeurs d’une Guinée pour tous, alliant justice, dignité humaine et solidarité.
Nous avons certes perdu la bataille de la préservation de la constitution de 2010, mais de l’avis de tous les membres, nous aurions perdu toute raison d’être si nous n’avions pas joué notre partition contre l’absurde et l’inacceptable au nom de tous.
#Amoulanfe ce fut aussi un espace de solidarité et de fraternité entre les membres du mouvement pour continuer à faire vivre l’esprit Guinée qui semble cruellement manquer par les temps qui courent.
Nous sommes Amoulanfé, désormais un esprit plus qu’un mouvement, nous restons Amoulanfé, résolument une communauté de valeurs et de destin.
Merci aux milliers de Guinéens qui ont dressé le drapeau de Amoulanfé aux côtés de celui du #FNDC.
Nous rendons hommage à tous les membres du mouvement de la l’intérieur comme de diaspora. Merci également aux valeureux membres ayant souhaité garder l’anonymat comme à ceux restés anonymes.
À #Roger_Bamba nos prières de repos éternels.
À #Fonike_Mangue, #Ismale_Conde et à tous les détenus de la liberté, notre solidarité renouvelée.
Bruxelles, le 27 juillet 2021
Babatiti.