Politique générale du gouvernement : Les réactions de Siaka Barry «le discours du PM m’a personnellement laissé un goût fade »

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Le premier ministre Ibrahima Kassory Fofana était devant les députés le 7 Avril dernier pour décliner la politique générale du gouvernement en matière de gestion. Après ce passage, nous avons tendu notre micro à l’ancien Ministre de la culture Siaka Barry en lui posant trois questions. Pour le leader du parti Guinée Debout, « ce passage de Mr Kassory Fofana devant l’assemblée nationale, est un grand oral dont la vacuité ne rivalise qu’avec la redondance »

Voici ses réactions

Bonjour Monsieur Barry

Bonjour Guinée Nondi

Le premier Ministre était devant les députés le 7 Avril dernier pour le discours de politique générale, Quelles analyses faites-vous de son passage devant le parlement?

 Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur le passage du Premier Ministre devant l’assemblée nationale, ce 7 avril, dans le cadre de la présentation de la politique générale du gouvernement.

Je salue cet exercice qui s’inscrit dans un souci de redevabilité de l’exécutif vis-à-vis du peuple à travers ses représentants.

Toutefois, le discours du PM m’a personnellement laissé un goût fade, tant il s’apparentait à une longue litanie, à un chapelet de vœux pieux et à un One-man-show sans aucun relief… Bref ce discours de politique générale aura été un simple réchauffé des refrains  classiques auxquels nous nous sommes désormais habitués, où l’ennui se le dispute avec la platitude.

Comment peut-on se bomber le torse dans un discours, et s’enorgueillir d’une hypothétique croissance économique (supposée être l’une des plus fortes de l’Afrique) et soutenir en même temps qu’une période de vache maigre attend les populations ? Comment affirmer de façon péremptoire que la pauvreté a reculé de 10 points dans un pays et reconnaître que l’inflation (le principal facteur d’érosion du pouvoir d’achat) s’est accrue de façon galopante ?

Pourquoi s’évertuer à trouver des origines exclusivement extérieures à une crise dont les principaux facteurs tirent leurs sources de votre propre gouvernance interne ?

Ces incohérences ajoutées à un listing à la Prévert des énormes défis de développement qui nous assaillent, sans apporter un minimum de solution, font de ce passage de Mr Kassory Fofana devant l’assemblée nationale, un grand oral dont la vacuité ne rivalise qu’avec la redondance.

Le peuple de Guinée a été longtemps gavé de discours creux, il attend désormais ses dirigeants autour des actes concrets…

Y a-t-il des points que vous ne partagez pas avec le premier ministre dans ce discours, si oui lesquels et pourquoi ?

Oui malheureusement, si je suis souvent d’accord avec certains diagnostics économiques posés par le Docteur Kassory Fofana, je désapprouve totalement la description des « agents pathogènes » qu’il pointe du doigt. Dans sa description de nos difficultés économiques actuelles, le PM semblait être dans le rôle d’un opposant, avec des pointes de critiques parfois très acerbes contre son propre gouvernement.

Tenez par exemple quand il va jusqu’à dire que le piteux état de nos routes est tout simplement « honteux » en comparaison des énormes efforts consentis par les pays voisins en matière d’infrastructures routière…Cela est certes une vérité, sauf que le PM aurait dû nous dire les causes de cet échec pendant les premières dix années de règne du Président Alpha Condé et exposer les réponses concrètes mesurables et évaluables que son gouvernement compte apporter.

Par contre, quand un PM soutient que l’enseignement supérieur n’est pas une priorité de son gouvernement, cela fait flipper !

S’agissant du déguerpissement, le premier ministre a déclaré que l’ordre ne venait ni du président ni de lui, selon vous qu’est-ce que cela signifie ?

 Concernant la campagne de déguerpissement, cet aveu du PM feignant ignorer d’où est venu l’ordre, traduit le niveau de déliquescence de la gouvernance actuelle et la cacophonie au sommet d’un régime aux abois. C’est avec beaucoup d’ébahissement que cette phrase m’est tombée dessus comme un couperet. Comment après cette destruction massive et souvent inhumaine des biens immobiliers appartenant souvent à des personnes vulnérables, le premier bras valide de l’exécutif vient vous dire que ni lui, ni le premier magistrat du pays, ne sait qui a ordonné un tel gâchis ? C’était le comble. Nous croyions avoir touché le fond, mais là je pense que nous continuons à creuser !

Merci beaucoup Monsieur Barry pour ce petit entretien

C’est moi qui vous remercie pour tout



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