C’est acté. Cette année, ma cousine Maï ne viendra pas en France ! En effet, le Conseil d’Etat a validé la hausse des frais universitaires dans l’hexagone pour les étudiants extra-européens le 1er juillet dernier. Cette décision (arrêté du 19 avril 2019) vient alourdir le millefeuille administratif auquel étaient déjà assujetti les étudiants étrangers notamment la règle leur imposant la détention d’un montant de 7380 euros, sur leur compte bancaire, pour espérer obtenir leur visa d’études.

Ce verdict est l’aboutissement de deux ans de lutte syndicale (Unef) et associative dont l’Association des Jeunes Guinéens de France (AJGF) a été partie intégrante. Il est regrettable à différents niveaux. Premièrement, il pousse les étudiants étrangers les moins favorisés à repenser leurs ambitions de formation car la France était l’un des seuls pays développés et francophones à proposer une éducation de qualité pratiquement gratuite (173 euros pour une licence et 248 euros pour un master). A noter que la situation créée contrevient aux objectifs de développement durable adoptés par les Nations Unies). Deuxièmement, le résultat est clairement discriminatoire puisque de facto, seuls les étudiants issus d’une cellule familiale aisée pourront se permettre de venir étudier en France. Ce qui est contraire à l’esprit du dispositif « Bienvenue en France » voulue par le gouvernement d’Edouard Philippe comme un moyen de rehausser l’attractivité des formations universitaires françaises.
Ainsi, à la rentrée 2020, les frais d’inscription pour les étudiants étrangers, seront multipliés par 16 dans les universités françaises qui ont choisi d’appliquer la reforme. Ce qui exclura bon nombre de candidats étrangers, en majorité des candidats africains, ayant des vues sur les diplômes français. En tirant un trait sur la France, quelles perspectives s’offrent à ces étudiants ? Comment les diasporas africaines pourraient-elles contribuer à soutenir les initiatives étatiques pour renforcer le système éducatif de leur pays ?
A ces interrogations, l’Association des Jeunes Guinéens de France apporte quelques éléments de réflexions.
Quelles perspectives ? Les étudiants africains qui ne pourront pas se permettre d’étudier en France ont toujours la possibilité d’aller étudier dans les pays limitrophes ou dans les autres pays du continent. Cette solution permettra la rétention des cerveaux en Afrique et de ce fait permettra le développement du continent. Pour faciliter cet « Erasmus » africain, le développement des partenariats multilatéraux est une condition sine qua non.
Au-delà de cette possibilité, le renforcement des collaborations Nord-Sud ne doit pas être négligé notamment par le biais de la création d’établissements supérieurs, filiale des grands établissements Français attractifs (Dauphine, HEC, Essec, etc).
Le rôle des diasporas. Les diasporas pourront contribuer à améliorer le système éducatif en Afrique par la transmission de leurs savoirs. La crise du Coronavirus a montré la puissance du numérique. Des applications qui permettent de dispenser des cours à distance ont fleuri partout dans le monde entier, ce même dans les pays en développement.
De même, elles peuvent y contribuer sur place soit par leur retour définitif au pays soit par la réalisation de formations lors de leurs séjours. Ce transfert de compétences doit être initié et garanti par les pouvoirs étatiques. Seulement pour réaliser tout cela, les diasporas doivent faire face aux défis de parvenir à créer une solidarité réelle et solide entre elles.
Halimatou CAMARA (Présidente de l’Association des Jeunes Guinéens de France, Membre du FORIM)