Donald Trump n’a pas exclu, jeudi, de contourner le Congrès pour édifier une barrière le long de la frontière avec le Mexique, principale promesse de sa campagne de 2016
Lors de son allocution présidentielle du mardi 8 janvier, Donald Trump n’avait pas déclaré l’urgence nationale pour contourner le Congrès et tenter de réaliser sa principale promesse de campagne : la construction d’un « mur » à la frontière avec le Mexique.
Depuis cette adresse solennelle, qui n’a pas fait fléchir les démocrates opposés à une construction jugée « hors de prix » et « inefficace », cette perspective semble pourtant la seule désormais à la disposition du président des Etats-Unis. Il n’a d’ailleurs pas exclu d’y avoir recours, jeudi.
Le blocage partiel du gouvernement fédéral, décidé depuis le 21 décembre 2018 par le président, s’approche quant à lui inexorablement du record historique de 1995 pour un « shutdown » (vingt et un jours). Donald Trump a d’ailleurs décidé d’annuler sa participation au Forum économique mondial de Davos (Suisse), à la fin du mois, où il comptait vanter le succès de sa politique économique.
La seule concession du locataire de la Maison Blanche a résidé pour l’instant dans la nature de l’ouvrage frontalier. Il n’est désormais plus question d’un « mur » de béton, comme il l’avait initialement envisagé, mais d’une « barrière » de métal. Cette dernière ne courrait pas, en outre, sur la totalité de la partie de frontière qui ne comporte pas de dispositifs contre les passages illégaux.
En revanche, le président continue d’affirmer, contre toute évidence, que le Mexique contribuera indirectement à son financement, et qu’un « mur » portera un coup décisif aux trafics de drogue dont cette frontière est le théâtre ; ils empruntent pourtant pour l’essentiel les points d’accès légaux, noyés dans les flux de marchandises qui s’échangent entre les deux pays.
Au cours des dernières heures, Donald Trump semble avoir définitivement renoncé à la quête d’un compromis avec son opposition. Mercredi, il a rapidement mis un terme à des discussions, à la Maison Blanche, avec les responsables démocrates du Congrès, le sénateur Chuck Schumer et le speaker (présidente) de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.
Il a rageusement qualifié cette réunion de « perte de temps » sur son compte Twitter face au refus de ces derniers d’accepter le déblocage de 5,7 milliards de dollars (5 milliards d’euros) exigés pour l’édifice. Jeudi, en partance pour une visite sur la frontière, à McAllen au Texas, il s’en est pris avec virulence à ses interlocuteurs de la veille. « Je trouve franchement que la Chine, à bien des égards, est beaucoup plus honorable que Chuck le Pleurnichard et Nancy », a-t-il dit alors que Washington négocie avec Pékin pour tenter, notamment, de réduire son déficit commercial.