600M de dollars pour le retour à l’ordre constitutionnel, comment réduire ce coût pour éviter un glissement de calendrier? ( Par Lakata Kimba Camara )

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Il y a quelques semaines, le ministre de l’administration du territoire Mory Condé, lors d’un point de presse, annonçait la somme de 600 millions de dollars comme coût de l’organisation des différentes étape de la transition, favorisant ainsi le retour à l’ordre constitutionnel.
Après cette sortie, un décret a été pris par le président concernant la nomination des responsables du quartier. Malgré les détails donnés par le ministre sur la radio Fim FM, beaucoup considèrent que cela constitue une atteinte à la démocratie locale, donc un acte anti-démocratique.
Il est vrai que l’organisation des élections est l’épine dorsale d’une transition dans la mesure ou elle permet non seulement d’assurer aux gouvernants la légitimité politique leur permettant d’exercer un mandat, mais aussi, cela favorise le retour à l’ore constitutionnel.
D’ailleurs, l’on sait aussi que dans la plupart des pays, les conditions d’accès électoral au pouvoir de représenter le peuple quelque soit le niveau, sont fixées par un ensemble de textes internationaux et nationaux qui ont vocation à être le dispositif juridique de l’organisation des scrutins en régimes démocratiques. Ainsi, en son article 21 ( alinéa 1 et 2) la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations-Unies proclamée le 10 décembre 1948 stipule que : «Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis… La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ».
En interne, l’Article 2 de la loi fondamentale guinéenne et de la constitution de 2010, est un élément central de ce dispositif qui veille au suffrage universel. Il stipule que « La souveraineté nationale appartient au Peuple qui l’exerce par ses représentants élus et par voie de référendum. Aucune fraction du peuple, aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Autrement dit, la souveraineté est un bien du peuple, qui peut s’en servir en votant pour choisir ses représentants.
En se référant à ces différents dispositifs juridique, l’on peut considérer que l’acte de décret pris par le président par rapport à la nomination des conseillers du quartier par le gouverneur, constitue un braquage de la démocratie à la base. Mais en réalité, cela devrait réjouir tous les « pro-démocrates » qui veulent un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Par ailleurs, en plus de ce décret, je dirai au gouvernement de prendre un autre décret permettant de prolonger le mandat des exécutifs communaux qui est arrivé à échéance depuis Février 2023.
Pourquoi?
Dans les dix étapes du chronogramme de la transition, la septième concerne « L’organisation des élections locales et communales ». Cette étape constitue l’une des plus couteuse dans les dix points du chronogramme. Organiser les élections dans tous les quartiers, districts et communes de la Guinée, a un coût exorbitant. Ainsi, la nomination des responsable du quartier et le prolongement du mandat des exécutifs communaux auront un double avantage.
le premier avantage, est le fait que cela permettrait de faire des économies ainsi diminuer considérablement le cout des 600M de dollars annoncés par le gouvernement pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le Second avantage réside dans le temps. En ce sens qu’en réservant l’organisation des élections à la base aux futures autorités, l’on gagnerait en temps et cela pourrait éviter le glissement du calendrier de la transition.
Sur ce, si l’on veut un retour rapide à l’ordre constitutionnel, il serait important de se focaliser sur les étapes essentielles ( Fichier électoral fiable, constitution et le élections législatives et présidentielles) permettant ce retour. Il est à noter qu’une bonne organisation des élections du second degré est très déterminante dans une transition, en ce sens qu’elle permet de consolider la démocratie et d’éviter des dérives politiques.
En somme, après cette prise de décision par le gouvernement de nommer les conseillers des quartiers, l’on devrait forcement assister à la réduction des coûts du retour à l’ordre constitutionnel. Certes, nommer de responsables politiques constitue en soi un acte anti-démocratique. Mais en cette période de transition, se passer des élections du second degré pourrait aussi éviter le glissement du chronogramme de la transition.
Toutefois, comme on le dit, « à cœur vaillant, rien d’impossible, et vouloir, c’est pouvoir  » Cela voudrait dire que seule une volonté politique de la part du CNRD peut favoriser un retour rapide à l’ordre constitutionnel. La balle est donc dans le camp de Mamadi Doumbouya et ses lieutenants
Par Lakata Kimba Camara



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