Kabinet Keita: Lettre ouverte aux magistrats

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Cher(e)s collègues, il est d’une nécessité impérieuse de nous hisser au sommet de la pyramide institutionnelle de la NATION pour que confiance, respect et crainte soient l’image que nous renvoyons vers la société, que l’histoire aussi retiendra de nous, pour le moment elle nous est défavorable sur les points suivants :

Sur le plan historique:

Après l’accession à l’indépendance, le pays s’est doté de certaines institutions y compris la justice, mais qu’était elle à l’époque ? Un instrument de la révolution dans lequel des principes fondamentaux d’un procès pénal, notamment celui de la présomption d’innocence et du droit à la défense n’étaient guère respectés, du coup tout ceux qui comparaissaient devant la justice populaire étaient condamnés, de là est né le manque confiance et le non respect vis à vis de cette institution. L’arrivée de l’armée au pouvoir en 1984 est restée dans la même logique, maintenir cet appareil dans la précarité, ne pas lui attribuer les prérogatives contenues dans son statut est le meilleur moyen de l’empêcher d’être le baromètre sur lequel chaque État repose, ceci a favorisé la corruption grandissante dans l’administration publique, a pénétré au sein de l’appareil judiciaire, l’indépendance et l’impartialité ne pouvaient être qu’un rêve auxquellles les citoyens aspiraient car seules garanties dune véritable justice.

En 2014, le statut particulier des magistrats est signé par le Président de la République avec une nette amélioration de salaire, même si la presse en a abusé en déclarant des sommes très loin du véritable , la mise en place du Conseil Supérieur de la Magistrature, organe de gestion de la carrière des magistrats (regulation, du contrôle et de sanction ), cette période est la chance extraordinaire offerte à cette corporation, de par son importance de s’affranchir, d’inspirer confiance, respect et crainte, de se doter de tous les instruments légaux prévus par la Constitution et son statut particulier pour quelle soit une Justice ni pour les faibles, ni pour les forts, mais pour toute personne ayant des preuves qui convergent avec la loi .

Cher(e)s collegues il est temps de nous réveiller, il est temps de dire NON à toutes formes d’ingérence , il est temps de faire de notre indépendance et de notre impartialité le cheval de bataille du serment que nous avons prêté, pour se faire, il faut que nous ayons le courage de dire d’abord à nos parents que nous ne pourrons rien faire pour eux lorsqu’ils se trouvent dans l’illégalité, que nos amis sachent que notre devoir et notre serment dépasse largement cette amitié au vu de l’importance qu’est la mission qui nous est conférée, que l’argent est tentant, mais qu’il est un ennemi redoutable pour notre profession car toutes les fois qu’il nous est proposé, c’est à 98% dans le but de tordre la loi , que nous ayons le courage, la force de remballer avec courtoisie et modestie tout cacyque du pouvoir, son premier responsable , ou toute autre personne exerçant une haute fonction dans la sphère publique ou privée qui essayent de profiter de cette fonction pour intimider n’importe quel magistrat dans une procédure, en cas d’insistance, rassembler des preuves et intenter une action en justice contre elle.

Il est temps de prendre et d’occuper la véritable place qu’a une Justice dans un pays démocratique, le pays en a besoin, le peuple en a besoin , le développement en a besoin, la démocratie en a besoin, ainsi l’histoire retiendra que le veritable envol qu’a connu cet appareil a été possible grâce à notre volonté, notre courage, notre abnégation et notre persévérance à faire de cet appareil le socle de la paix, du développement et du respect stricte des textes de lois, ainsi nos enfants et petits enfants pourront être fiers de nous, fiers de dire qu’à cette époque mon père fut magistrat pour que nous rentrions positivement dans les anales de notre NATION.
Retenons que sans justice, il n’y aura ni paix, ni développement.

Espérant que cette lettre attirera votre attention cher(e)s collègues , veillez voir en elle le cri de coeur d’un jeune magistrat soucieux et inquiet du présent et de l’avenir de la Guinée.

Par Kabinet keita.



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