Accord entre experts CEDEAO et la transition guinéenne: Quelques éléments de réponses ( Par Ibrahima Sanoh)

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1- De la raison de l’imprécision de la date d’entrée en vigueur de l’accord sur la durée de la transition .
La mise en œuvre de l’accord est fonction de sa approbation par la Conférence des Chefs d’état et de gouvernement . Le médiateur de la CEDEAO pour la Guinée devra présenter, telle est la recommandation de la mission des experts, le chronogramme de la transition à la prochaine session de la conférence susmentionnée.
La mission des experts de la CEDEAO n’a pas la compétence de dire la date d’entrée en vigueur de l’accord, seule la conférence susmentionnée peut l’entériner ou non. Si la conférence des Chefs d’États approuve la durée et le chronogramme de la transition , la date d’entrée en vigueur sera connue . Il est normal qu’on espère qu’elle sera postérieure à la conférence des chefs d’États.
2- De la notion de compromis dynamique.
Elle renvoie à l’idée que tout peut être encore revu par l’une des parties . Cela veut dire que la durée conclue entre les experts n’est pas une durée définitive et que le chronogramme n’est pas lui-même définitif. Ces éléments pourraient être revus , ce qui pourrait avoir pour effet de réduire la durée de la transition . Mais le plus important est que la compression des étapes et la réduction des durées ne devraient pas avoir un impact sur la cohérence d’ensemble des éléments du chronogramme.
Aussi, les délais additionnels pourraient être aussi accordés aux autorités de la transition dans le cas où ils surviendraient des évènements pouvant affecter l’application de bonne foi du chronogramme par les autorités.
Les compromis qui durent sont ceux qui sont dynamiques , qui bougent et s’adaptent aux situations et à leurs évolutions.
3- De la complaisance prétendue des experts de la CEDEAO quant aux points non importants du chronogramme .
Les experts de la CEDEAO auraient-ils été moins rigoureux en retenant certains points moins indispensables du chronogramme ? C’est ce que laisse entendre certains ( so called pundits ) politiques ou experts nationaux sur les questions abordées. Ils oublient la notion même du rapport des forces et du compromis.
En discutant avec les experts guinéens désignés par les autorités de la transition sur les points du chronogramme , les deux parties ont fait les compromis entre le nécessaire et l’acceptable, le symbolique et l’efficace, le souhaitable et le possible .
Par ailleurs, la CEDEAO bien capable de sanctions ( qui sont des instruments non punitifs mais dissuasifs) savait la limite de leurs portées. Étant donné la disposition des autorités de la transition à éviter l’enlisement de la situation par les surenchères verbales inutiles et inefficaces- je rappelle que c’est à la demande du gouvernement de transition que la CEDEAO a déployé une mission technique en Guinée – , leur volonté a fixé une durée raisonnable de la transition conjointement avec la CEDEAO en vue d’assurer le retour du pays à l’ordre constitutionnel , elles bénéficiaient d’un pouvoir de négociation plus grand.
3- Du choix de certaines parties prenantes internes de la date du 5 septembre 2021 comme date d’origine de la durée de la transition conclue entre la Guinée et la mission technique de la CEDEAO.
Elles disent qu’elles souhaitent que la souffrance des Guinéens soit abrégée et que la CEDEAO prenne la date du 5 septembre 2021 comme celle du début de la transition. Ainsi , il restera moins d’une année de transition.
Si la conférence des Chefs d’Etats de la CEDEAO considère le 5 septembre 2021 comme date d’origine des 24 mois , alors qu’aucun élément des points du chronogramme n’est réalisé à date , elle voudra d’une transition bâclée en Guinée . Ce qui devra être inacceptable même par les politiques. Parlant d’eux , je ne suis plus sûr qu’Ils poursuivent tous un intérêt général .
Si on considérait le 5 septembre 2021 comme date d’origine , on réduirait la transition à la seule tenue des élections et sans même se soucier de la qualité de celles-là. Alors que la réussite de cette transition déprendra en grande partie de sa capacité à organiser des élections inclusives , transparentes et acceptées.
Si nous voulons que la transition réussisse , la durée qui sera fixée à l’issue de la conférence des chefs d’États devra avoir pour origine, non pas le 5 septembre 2021 , mais une période ultérieure à la ladite conférence des chefs d’États.
Si les différentes parties prenantes internes ne s’approprient pas du chronogramme et de la durée qui seront fixés par la Conférence des Chefs d’États, alors le CNRD ne devra pas être pris pour responsable de ce qui adviendra , c’est-à-dire un possible glissement de calendrier.
Les raisons qui expliquent l’inobservation du chronogramme du CNRD dont la durée a été abrégée par une résolution du CNT sont connues. Elles ne sont pas exclusivement imputables au CNRD. Soit nous voulons un retour rapide et irréversible à l’ordre constitutionnel , alors on tient à ce que la date d’origine de la durée convenue entre les experts de la CEDEAO et les autorités guinéennes (24 mois )soit le 1 janvier 2023 , soit nous voulons conduire les autorités de la transition à l’irrespect du chronogramme.
Ibrahima Sanoh



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