Maître Traoré dénonce la discrimination dans l’obtention des documents administratifs par certains guinéens

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Ils sont nombreux les compatriotes qui peinent à obtenir certains documents administratifs à cause de leur patronyme. On peut bien comprendre la frustration de ces citoyens auxquels des agents de l’État peu cultivés posent parfois la question de savoir s’ils sont des Guinéens parce qu’ils ont un nom de famille qui ne « sonne pas guinéen ».
Il est pourtant important de savoir qu’en Guinée, il n’y a pas que des Diallo, des Camara, des Condé, des Bangoura, des Doumbouya, des Sylla, des Léno, des Zoumanigui, des Lama, des Kalissa et autres patronymes courants. Il existe aussi des Boumbaly, des Niabaly, des Nioké, des Rongier, des Dyuola, des Bandia, des Diamanka, des Yaréssi et d’autres patronymes que l’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre. Et ceux qui les portent ne sont pas moins Guinéens que les autres.
En plus, si la nationalité guinéenne s’acquiert à titre principal par le sang (le jus sanguinis), ce n’est pas le seul mode d’acquisition de celle-ci.
C’est pourquoi les services publics chargés de l’établissement des passeports, des cartes nationale d’identité et d’autres documents administratifs doivent connaître la sociologie guinéenne afin qu’ils évitent des tracasseries inutiles à des citoyens guinéens qui, dans des bien des cas, ont rendu de bons et loyaux services à la Guinée. On peut bien admettre la prudence ou la méfiance des services en charge de cette mission délicate d’établissement de ces documents. Mais ils doivent agir avec discernement en évitant d’être tatillons ou tout simplement de mauvaise foi.
L’État doit éviter à tout prix de se faire trimballer devant la justice par des citoyens victimes de cette malheureuse situation.
Ce qui est plus incompréhensible, c’est le fait qu’il y a parmi ces citoyens certains qui disposent très souvent d’autres documents qui prouvent leur nationalité guinéenne (extrait d’acte de naissance, carte nationale d’identité, certificat de nationalité) mais qui rencontrent des difficultés inimaginables pour avoir par un passeport. Des exemples, il y en a à foison. Ces compatriotes ne sont pas loin parfois de l’apatridie. Ce qui est très choquant.
Il est vrai que pendant longtemps la délivrance d’un certificat de nationalité ou d’une carte nationale d’identité était la chose la plus banale dans le pays. Des étrangers pouvaient se faire délivrer ces documents en contrepartie d’espèces sonnantes. C’est peut-être le cas aujourd’hui encore. Mais la loi prévoit et punit le faux dans les documents administratifs et l’usage de faux. Il suffit donc de faire preuve de rigueur pour combattre ce fléau. Cependant, il faut proscrire le zèle. Il y a des agents qui ne savent même pas par exemple qu’à Siguiri, il y a une localité où on peut trouver, à titre d’exemple, des Traoré ou des Condé chrétiens. Quand ils entendent  » Pierre Traoré » ou  » Alexandre Condé », ils sont tout ébahis et posent aux intéressés des questions du genre  » Tu es malinké ? Tu comprends maninka ?
C’est l’inconvénient de commettre n’importe qui à n’importe quelle tâche.
Maître Mohamed Traoré avocat



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