Ce ne sont pas des jeux de mots qui permettront à cette transition de connaître le succès tant espéré par les guinéens. L’inclusion, la justice, le pardon, le redressement doivent être impérativement des comportements qui rassurent.
Le CRND, organe centrale de cette transition, s’évertue partout à affirmer qu’il souhaite ériger une Guinée unie, apaisée et débarrassée de vieux démons qui ont été la cause de ses malheurs mais en même temps il continue d’alimenter les frustrations et surtout l’exclusion. Sinon comment comprendre que l’on puisse organiser un cadre de concertation nationale dit « d’inclusion » avec l’absence notoire des principales forces politiques du pays notamment l’UFDG, le RPG ARC-EN-CIEL et l’UFR.
Partout dans le monde, la transition est d’abord foncièrement politique. Vouloir vaille que vaille faire cavalier seul est une grosse erreur politique qui risque d’entraver la bonne marche de cette transition placée sous le signe du renouveau.
Le CNRD a tout à gagner en créant un climat apaisé dans l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixés. Cela passe nécessairement par l’implication effective et efficiente de tous les principaux acteurs des sensibilités politiques et sociales. On ne peut vouloir une chose et son contraire. Toute démarche contraire est une grosse perte de temps et un retour à la case départ. Et cela, la Guinée n’en a pas besoin.
Par ailleurs, la justice présentée comme étant la boussole de cette transition , doit pouvoir jouer son rôle en toute indépendance et surtout dans les règles de l’art. Elle ne doit en aucune manière être un instrument de règlement de compte ou de chasse aux sorcières. C’est à dire qu’elle doit être en mesure de lire le droit et résister à n’importe quelle forme d’injonction pouvant nuire à sa réputation.
En fin, s’agissant des assises nationales, je l’ai dit pas plus tard qu’hier, qu’elles auraient pu avoir un impact positif sur le vivre ensemble si seulement elles avaient été le prolongement d’un travail fait en amont par des historiens, sociologues et juristes. Mais telles qu’elles sont organisées à date, il ne faut pas s’attendre à grand chose. Le désintérêt manifeste des populations en dit long sur sa pertinence et méthode.
Cependant, rien n’est encore tard pour le CNRD pour rectifier le tir. Pour cela, il faut qu’il réussisse à tempérer les ardeurs de son aile dure et à écouter les propositions allant dans le sens de ses objectifs de départ et surtout revenir à l’essentiel : fixation de la durée de la transition, assainissement du fichier électoral, adoption d’une nouvelle constitution par référendum, organisation des élections communautaires, législatives et présidentielles.
Khalil KABA