Archive: les éclairages sur les évènements du 3 Avril 1984 au 5 Juillet 1985

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le gouvernement a procédé hier au lancement des assises nationales, journée de vérité et de pardon. Nous avons profité de cette occasion pour éclairer la lanterne de nos auditeurs sur l’un des évènements marquants de la violence d’état dans notre pays. Il s’agit des évènements du 5 Juillet 1985.
le 26 Mars 1984, Sékou Touré meurt à Cleveland ( USA). Une semaine plus tard, un groupe d’officiers s’emparent du pouvoir. Une année après, le nouveau chef de l’état procède un important remaniement ministériel: Suppression du poste du premier ministre et nomination de son ancien titulaire au poste de ministre d’état chargé de l’éducation. En outre, on assiste à l’éviction de plusieurs cadres militaires malinké du gouvernement: Ils sont renommés à des postes administratifs ( préfets, gouvernements de province, ambassadeurs, etc.), loin de Conakry afin d’éviter que ces officiers et sous-officiers malinké ne reprennent le contrôle des casernes.
Après ce remaniement, la Guinée vit « une veillée d’armes » de près sept mois, période emmaillée de menaces, de défis et de provocation à peine voilée entre le président Lansana Conté et son ancien premier ministre Diarra Traoré. C’est ce climat de tension que Lansana Conté, président sortant de la CEDEAO, quitte Conakry dans l’après-midi du 4 Juillet pour se rendre dans la capitale togolaise. A 21h, sur les antennes de la Radio nationale située dans la presqu’île du Koloma, la voix de Diarra Traoré annonce la fin du comité militaire de redressement national ( CMRN) et la mise en place d’un Conseil National D’état ( CNE) dont il se proclame le président. Alors que l’essentiel de l’armée semble rester fidèle au président Lansana Conté, des bandes de jeunes scandent en soussous leur hostilité à l’initiateur du coup d’état. Dès les premières heures du 5 Juillet, l’opposition au coup d’état donne lieu à une mise en cause collective des Malinké, groupe ethnique du premier ministre ainsi que du premier président. les boutiques, les dépôts de commerce, les logements de certains Malinké sont pillés…
Suite à cette tentative avortée, des centaines d’arrestations et de multiples pillages ont lieu, visant les commerçants, les cadres civils et les militaires Malinké. des centaines d’officiers, de sous-officiers et des cadres Malinké sont arrêtés et probablement torturés avant d’être, pour certains exécutés… Au total Horoya révèle l’arrestation et la condamnation de 82 total et de 129 militaires. Sur les 82 civils, 16 étaient des anciens ministres, 16 autres étaient des cadres subalternes, et les 50 autres étaient des cadres supérieurs occupant des fonctions administratives importantes. Des 129 militaires , 98 étaient des officiers ( dont 1 général, 3 colonels, 13 chefs de bataillons et 21 capitaines qui occupaient tous des hautes fonctions dans l’administration ou dans l’armée) et 18 des sous-officiers. Il faut ajouter les 140 relaxés ( 80 civils et 60 militaires) pour insuffisance de preuves…
En tout cas, des 129 militaires et 82 civils arrêtés, jugés et condamnés, ne recouvriront la liberté que 46 militaires ( 4 officiers et 42 sous-officiers), 16 civils ( dont 6 employés), 7 directeurs de service et 3 anciens ministres

Source  » les violences collectives en Afrique, le cas guinéen » Par Alpha Amadou Bano Barry, publié par l’Harmattan en 2000



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