Les dimensions principales pour analyser une crise majeure en relation internationale( Par Mohamed N. Camara)

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En relations internationales, trois dimensions principales permettent d’aborder, comprendre et traiter une crise majeure, un conflit. Toutes proportions gardées, le dirigeant est obligé de tenir compte de ces piliers pour positionner son pays, le citoyen pour affiner son opinion.

  1. LE DROIT INTERNATIONAL est l’ensemble des règles de droit, en principe des normes contraignantes, qui régissent les rapports internationaux. Ce sont généralement les accords, conventions et traités dont les Etats se sont dotés afin d’encadrer leur coopération et régler leurs différends. La souveraineté des Etats, le cadre légal de l’usage de la force au niveau international, les droits de l’homme… en découlent. Problème ? C’est un droit faible, régulièrement violé sans conséquences véritables.
  2. L’ETHIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES : ce sont des règles non écrites et non contraignantes, inspirées des valeurs morales, qui dictent la conduite des Etats dans leurs relations avec les autres. Offrir de l’aide aux pays pauvres et personnes nécessiteuses, protéger l’environnement, donner du vaccin anti-covid-19…sont des exemples. Sa faiblesse est qu’elle ne contraint pas et est sujette à des variétés de conceptions.
  3. LA GEOPOLITIQUE ET LA GEOSTRATEGIE : C’est la politique de puissance des Etats, les rapports de force (qu’ils soient pacifiques ou armés), leur capacité à influencer la vie internationale selon leurs intérêts, leurs valeurs et leurs alliances. Ici, le droit et l’éthique sont de simples instruments qu’on peut adapter aux besoins.
    Comme le dit le dicton, il n’y a pas de bonnes âmes en géopolitique. Or, la grande majorité des rapports internationaux s’effectue selon ses règles et principes. Par exemple, l’Iran ou aucun d’autre pays ne doit plus avoir la bombe atomique au Moyen-Orient pour ne pas changer les rapports de force dans la région depuis des décennies ; la Chine ne doit pas contrôler la mer de Chine méridionale même s’il faut surarmer ses voisins comme l’Australie, le Japon ou l’Inde ; des armes stratégiques étrangères ne doivent pas être installées en Amérique du Nord pour ne pas menacer les USA (crise des fusées de Cuba, 1962); l’OTAN ne doit pas faire d’expansion en Europe de l’Est car cela causerait des menaces stratégiques à la Russie ; depuis plus de 70 ans, le Japon et la Corée du Sud abritent les plus grandes bases militaires américaines en dehors du pays ; les USA peuvent envahir l’Irak en 2003 sans l’autorisation des Nations Unies mais pour des intérêts stratégiques; L’OTAN bombarde la Serbie en 1999 sans autorisation des Nations Unies; Kadafi et la Lybie détruits à la suite d’une résolution des Nations Unies dévoyée ; La Syrie ruinée par la compétition entre les puissances ; la coalition menée par l’Arabie Saoudite peut faire la guerre au Yémen pendant des années sans autorisation des Nations Unies.
    Ça, c’est la géopolitique. Ce n’est pas du droit, ce n’est pas de l’éthique encore moins de la morale. C’est l’épreuve de force. Les forts l’exercent, les faibles subissent. Malheureusement.
    Par Mohamed N. Camara, Consultant en Relations internationales


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