La mise en place du CNT a créé de l’espoir chez certains et un scepticisme très perceptible chez d’autres. Beaucoup souhaitent que la présente transaction soit la dernière. Autrement dit, les guinéens devraient œuvrer à se doter de textes et d’institutions qui feront échec désormais à toute tentative de personnalisation et de confiscation du pouvoir.
Mais que faire pour que la Guinée ne connaisse pas dans les prochaines années une nouvelle tradition faisant suite à la prise du pouvoir par des militaires ? Les textes permettent-ils à eux seuls d’atteindre cet objectif ?
Il ne faut nullement se leurrer. Quelle que soit la qualité des textes, ils ne peuvent pas prévoir toutes les situations, tous les cas de figure. La volonté du Président Alpha Condé de briquer un troisième mandat n’était sûrement pas due à l’insuffisance encore moins l’absence de textes. Les intangibilités relatives notamment au nombre et à la durée du mandat présidentiel étaient prévues par la constitution de 2010. Mais cela n’a pas empêché le » Professeur » de tenter et de réussir quasiment l’aventure du troisième mandat.
C’est dire que les textes ne suffisent pas. Il y a un un problème de mentalité et d’intégration des principes démocratiques qu’il faut absolument prendre en compte. Qu’est-ce qui pourrait empêcher un acteur politique, une fois élu, de chercher à tout prix à mettre ou à tenter de mettre à son service toutes institutions de la République , de chercher à confisquer le pouvoir en réduisant au silence tous les acteurs majeurs de la société et en affaiblissant les mécanismes qui devraient être des contre-pouvoirs ?
C’est peut-être l’une des réflexions que le CNT devra mener en n’oubliant pas encore une fois que les textes ne résoudront pas tous les problèmes qui se poseront à la jeune démocratie guinéenne.
Certes les lois sont utiles. Mais encore faut-il les respecter et les faire respecter. En outre, l’esprit des lois doit être une réalité sinon les lois restent de simples vœux pieux.
Maître Mohamed Traoré