Depuis qu’il a dirigé la prière en langue N’ko, l’imam Nanfo a fait l’objet de plusieurs critiques de la part des autorités islamiques. Pire, il a arrêté hier par les forces de l’ordre à Kankan. Selon l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, maître Mohamed Traoré, l’mam doit être libéré car, il n’a commis aucune faute pénale
« La loi islamique interdit de prier dans une autre langue. C’est la position de la grande majorité de ceux qui interviennent sur la question. Il s’agirait d’une atteinte à une règle de l’islam. Laquelle ? Les islamologues et autres savants pourraient nous le dire. Mais quand on jette un regard sur la législation pénale guinéenne, on se demande quelle est la disposition que l’imam Nanfo a violée pour être mis aux arrêts.
En 1ère année de droit, on enseigne les différences entre la règle de droit et la règle religieuse. Une de ces différentes se situe au niveau de la sanction qui s’attache à la violation de l’une ou l’autre. Sur le plan du droit (pas du droit musulman), il n’existe aucune disposition qui sanctionne le fait pour un musulman de prier dans une autre langue que l’arabe. Or, il n’y a pas d’infraction sans texte.
Par voie de conséquence, c’est un abus d’autorité que d’arrêter et de priver de liberté une personne pour ce motif. Aussi blâmable soit le comportement de l’imam Nanfo, rien ne peut lui être reproché pénalement. Toutes les organisations de défense des droits de l’homme devraient condamner son arrestation et exiger sa mise en liberté accompagnée d’excuses publiques de la part e ceux qui ont pris une telle mesure à son encontre. À moins qu’on ne considère que ses agissements troublent l’ordre public ou est susceptible de troubler l’ordre public. Et cela est à démontrer » a-t-il déclaré