Invité hier sur la radio Espace dans un débat sur les violences basées sur le genre, le sociologue Sayon Dambélé a dressé un diagnostic imparable de notre société dans l’infériorisation structurelle de la femme. Notre rédaction vous propose les grandes lignes de son analyse
Il y a une distinction à faire entre le Genre et la différence sexuelle. Être femme ou homme relève de la nature. C’est un fait biologique. En revanche, assigner des rôles particuliers dans la communauté aux uns et aux autres en raison de leur sexe, tient du Genre. Ainsi, les violences multiséculaires dont sont victimes les femmes s’expliquent par cette différenciation sociale qui les relègue les femmes au second plan. Les violences dont on parle sont protéiformes (physique, psychologique, statutaire, économique…).
La question de l’émancipation des femmes est un fait relativement nouveau à l’échelle de nos sociétés. Si en Occident, le mouvement féministe a plus de cinquante ans d’existence avec des résultats mitigés, en Afrique ; ces problématiques prennent corps depuis une petite vingtaine d’années dans le sillage de pratiques socio sanitaires néfastes pour l’intégrité des femmes (excision, mariage forcé, violences conjugales, faible scolarisation des filles…). Plus globalement, tout cela procède d’un vaste mouvement d’émancipation sociétale où désormais le sort de certaines catégories, longtemps marginalisées, est pris en compte (femmes, enfants, minorités sexuelles, « raciales » …) par des décideurs.
Il faut encourager et accompagner tous ces combats pour une meilleure société. La promotion des femmes, la parité – sur laquelle j’ai quelques réserves -, l’égalité des chances doivent se penser à l’aune de nos particularismes socio-culturels pour que le combat soit efficace. Il faut de la pédagogie, beaucoup, car des traditions ancrées ne se rayent pas d’un trait de plume. Pour plus d’efficacité, il faut allier à la sensibilisation et à la pédagogie, une dimension répressive en renforçant notre arsenal juridique contre toute forme de violence ou de discrimination envers les femmes.
L’harmonie et l’épanouissement de nos sociétés ne se feront pas en dehors du sort amélioré de nos mères, femmes, filles, sœurs et cousines.