France : Face au coronavirus, la précarité aggravée des prostituées

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 A l’heure du confinement, nombreuses travailleuses du sexe risqueraient d’être expulsées de leur logement, faute d’avoir pu payer leur loyer en raison de la défection des clients.

A l’heure de l’épidémie de Covid-19, les personnes en situation de prostitution sont confrontées à des difficultés particulières, liées notamment à un tarissement de leurs ressources en raison du confinement. « La situation est dramatique », s’inquiète Sarah-Marie Maffesoli, coordinatrice à l’ONG Médecins du monde.

« Il n’y a quasiment plus de clients. Combien de temps vont-elles pouvoir arrêter de travailler ? Etre en bonne santé sans pouvoir manger, ni nourrir ses enfants, c’est compliqué. »

Beaucoup d’associations, qui ont dû cesser leurs maraudes, s’inquiètent aussi de voir leurs bénéficiaires expulsées de leurs logements, faute d’avoir pu payer leur loyer. « Avec le confinement, beaucoup d’hôtels ont fermé et des travailleuses du sexe se sont retrouvées à la rue », explique Antoine Baudry de l’association Cabiria, basée à Lyon.

« Les réalités sont très différentes selon les territoires, indique de son côté Claire Quidet, la porte-parole du Mouvement du Nid, qui accompagne les personnes prostituées dans 27 départements. Pour les femmes en situation de grande précarité, on nous rapporte notamment des difficultés concernant l’accès aux distributions alimentaires, qui sont perturbées, et pour être mises à l’abri si elles ne disposent pas d’un logement ».

L’association, abolitionniste, souhaite interpeller les pouvoirs publics pour que les commissions départementales mises en place par la loi de 2016 sur la prostitution soient mobilisées en cette période particulière. « Leur mission est d’observer la situation de la prostitution sur le territoire. Leur mobilisation permettrait d’identifier les structures qui peuvent fournir un soutien alimentaire ou sur l’hébergement », plaide Mme Quidet. Elle se réjouit par ailleurs d’avoir obtenu du gouvernement la prolongation systématique des autorisations provisoires de séjour pour les prostituées migrantes qui sont inscrites dans un parcours de sortie de prostitution. Mais « on souhaite que les parcours de sortie eux-mêmes soient figés dans l’attente que la situation évolue », demande la responsable associative.

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Initiatives

Seule une minorité de prostituées exercent sous le statut d’autoentrepreneur, et pourront donc prétendre à l’aide de 1 500 euros promise par l’Etat pour les indépendants en compensation de leur baisse d’activité. Des cagnottes en ligne ont été lancées. Celle relayée par la page Instagram « Tapotepute », suivie par plus de 13 000 abonnés, s’élève à plus de 10 000 euros. « On espère aider une trentaine de travailleuses du sexe », explique Judith (le prénom a été modifié) , 22 ans, Escort à Paris et créatrice de la page, interrogée par l’Agence France-Presse.

Pour celles qui continuent d’exercer « pour assurer leur survie », le Syndicat du travail sexuel (Strass), a diffusé sur son site une série de recommandations, comme « éviter tout contact de la salive » ou « toute position sexuelle en face à face ».

Source le monde



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