Jamais encore, de mémoire de Guinéen, la condamnation d’une personne n’a créé autant de remous, été sujet de tant d’interprétations et donné l’occasion à tant de réactions irrationnelles.
Ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Mohamed Touré nous pose encore de sérieuses questions. La multiplication des réactions sur cette affaire n’a pas eu pour effet d’éclaircir la lanterne des uns et des autres sur ses vrais enjeux. La dimension passionnelle du problème et l’approche systématiquement ethnique du sujet ont contribué à obscurcir l’affaire, devenue terrain privilégié d’affrontement de points de vue, les uns soutenant Mohamed Touré , les autres se réjouissant systématiquement de sa condamnation.
Deux groupes de personnes se dégagent de ce capharnaüm.
Groupe A : Les Pro-Sekou primaires Ils sont majoritairement issus de l’ethnie Malinké et voient en la personne de Sekou Touré un ange.
Depuis cette condamnation, ils n’arrêtent pas de minimiser les actes que Mohamed Touré a posés et vont jusqu’à y voir un complot imaginaire monté de toutes pièces.
Groupe B : Les anti-Sekou primaires: Ils sont en majorité issus de l’ethnie Peulh.
Depuis cette condamnation, ils se réjouissent, rigolent à gorge déployée et se disent enfin Dieu a entendu nos cris.
Ils estiment que Mohamed Touré doit payer les frais des actes criminels (à tort ou à raison) qu’il aurait posés pendant son règne. Ne cherchez aucune logique dans leur réaction.
Les plus malins dans ce groupe B tentent d’utiliser l’enveloppe politique pour justifier la joie qui s’est emparée en faisant fi du fait que Mohamed Touré n’est pas une menace politique ou un adversaire politique redoutable
Aucun de ces groupes ne pense à la victime, cette fille qui a été privée de ses droits à la scolarisation ,cette fille qui n’a pas compté ses heures, telle une bête de somme, au service du couple Touré
Plus de 30 ans après sa mort, la vérité sur Sekou Touré continue de diviser les guinéens et le chemin de la réconciliation nationale prônée par Koro semble être parsemé d’embûches.
Après ces cris de cœur, j’espère que le prochain Président nous fera entendre les cris de la raison en faisant en sorte que la réconciliation nationale soit une réalité.
