La polygamie est la situation dans laquelle un homme est lié au même moment à plusieurs femmes. Autrement dit elle est l’union légale entre un homme et plusieurs femmes à la fois. En Guinée, ce phénomène était interdit par la loi depuis 1983. Mais force est de constater que dans les faits, l’application n’a jamais été respectée. Ainsi, dans le souci de régulation sociale, nos députés ont voté la loi autorisant la polygamie. En d’autres termes, ils ont essayé d’adapter nos lois à nos réalités locales, bref à notre culture.
Après ce vote, l’opinion nationale reste divisée. Pour beaucoup, les priorités étaient ailleurs en ce sens que le pays traverse d’énormes crises et que les députés devraient consacrer leurs temps à la résolution de ces crises en votant des lois dans ce sens. Tandis que pour d’autres, le législateur n’a fait que prendre en compte nos réalités.
Pour tirer au claire cette situation, nous avons contacté notre consultant juridique l’ancien Bâtonnier maître Mohamed Traoré. Pour lui :
« La polygamie est prohibée en Guinée depuis 1983. Mais en termes de résultat qu’a-t-on obtenu depuis cette prohibition ?
Le législateur guinéen de 2018 n’a fait que prendre en compte nos réalités.
D’ailleurs, il n’a pas simplement autorisé la polygamie. Mais il a laissé le choix aux époux entre la monogamie, la polygamie et la polygamie limitée. La monogamie signifie qu’il ne peut avoir qu’une épouse. La polygamie signifie que l’homme peut avoir simultanément jusqu’à quatre épouses.
La limitation de polygamie signifie que l’homme doit limiter le nombre de ses épouses à deux ou trois. Il appartient donc aux futurs conjoints de choisir le régime qui leur convient.
Selon certains, ce régime serait en contradiction avec la règle selon laquelle tous les citoyens naissent libres et égaux consacré par la Constitution. En effet, dès lors que les femmes ne sont pas en mesure de choisir le nombre d’hommes qu’elles souhaiteraient avoir, il y aurait une discrimination à leur égard. Au cas où, cette disposition du code civil faisait l’objet d’un recours devant la Cour constitutionnelle pour inconstitutionnalité, il faudrait attendre la décision de celle-ci»
Cette disposition est –elle une discrimination ? En se référant à l’article Article 8 de la constitution qui stipule que : Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes ont les mêmes droits. Nul ne doit être privilégié ou désavantagé en raison de son sexe, de sa naissance, de sa race, de son ethnie, de sa langue, de ses croyances et de ses opinions politiques, philosophiques ou religieuses. » Ainsi, à partir du moment que les femmes ne peuvent pas choisir plusieurs hommes, on peut être tenté de donner une réponse positive à cette question. Mais selon nos pratiques ancestrales, nos femmes sont dans bien des cas préparées à vivre cette pratique qui date des siècles.
Toutefois, discrimination ou pas, la polygamie est un phénomène social dont la portée dépasse parfois nos imaginations et nos simples prises de position. En ce sens que c’est un phénomène qui a un pouvoir coercitif en vertu duquel il s’impose en nous.